LE CHRISTIANISME ET LES FEMMES: La femme est-elle l’égale de l’homme ?

En traitant les femmes en égales des hommes, Jésus, Paul et l'Église primitive  ont enfreint les règles sociales et traditionnelles qui maintenaient les femmes dans le silence, l'isolement et la soumission. Les femmes occupaient des postes de responsabilité dans l'Église primitive, elles étaient très respectées et souvent plus actives que les hommes. L'historien L. Zscharnack a écrit : "Que la chrétienté n'oublie pas que c'est surtout le sexe féminin qui a été l’instrument de sa croissance rapide, et a plus tard gagné les faibles et les puissants".

Malheureusement, après cette époque, certains chefs religieux ont commencé à revenir aux pratiques et aux attitudes des Romains à l'égard des femmes et, au cours des trois siècles suivants, ils ont incorporé dans l’enseignement chrétien des doctrines erronées sur l'infériorité des femmes.

Clément d'Alexandrie (215 ap. J.-C.), un des "Pères de l'Église", enseignait que "toute femme devrait rougir parce qu'elle est une femme".  Tertullien, "Père du christianisme latin", ajoutait : "Et ne sais-tu pas que tu es Eve ? La sentence de Dieu pend encore au-dessus de tout ton sexe et Son châtiment pèse sur toi. Femme, tu es la porte du diable, la porte de l'enfer."

Inutile de dire que ces attitudes et ces points de vue malavisés étaient contraires aux Écritures.

La Genèse, au moment de la création de l’humanité, met l'accent sur l'égalité des sexes plutôt que sur la domination masculine. Elle enseigne que l'homme et la femme sont créés à l'image de Dieu et qu’ils dominent la Terre ensemble. L'histoire de la Création culmine dans la création de la femme, pour répondre au besoin des hommes d'avoir un partenaire qui leur corresponde (Gen. 2:18, 20).

Le texte décrit la création de la femme en la désignant comme l'ezer kenegedô de l'homme, littéralement, "une force qui lui correspond". Malheureusement, le mot "ezer" est souvent traduit par "aide", ce qui implique l'idée d’un subordonné ou d’un serviteur. Cependant, jamais dans la Bible le mot "ezer" n’a ce sens, mais il décrit presque toujours Dieu comme l'aide, la force ou la puissance de Son peuple. Le mot "ezer" a le même sens dans tous les dictionnaires bibliques hébraïques qui font autorité : "aide, assistance, puissance et force", il n’a jamais le sens de "serviteur".  C’est le concept d'un "partenaire idéal" qui semble le mieux transmettre cette idée.

L'apôtre Paul était-il misogyne? Jésus reconnaissait la valeur des femmes. Il a inclus les femmes dans Son ministère, Ses enseignements et a pris des femmes pour disciples. Dans tous Ses échanges avec les femmes, Jésus a élevé leur statut. A la lecture de la première épître aux Corinthiens, beaucoup de gens ont interprété le message de Paul comme signifiant que les femmes doivent vivre sous l'autorité masculine et accepter qu'elles ont été créées pour servir les hommes. Comment un apôtre de Jésus pourrait-il aller à l'encontre de ce que Jésus enseignait ? Est-il possible que l'homme qui a écrit la grande partie du Nouveau Testament ait cru que les femmes n'étaient pas à leur place alors que son professeur les avaient invitées ?

1 Corinthiens 11:2 dit : "La tête de tout homme, c'est le Christ ; la tête de la femme, c'est l'homme ; et la tête du Christ, c'est Dieu." Des études récentes sur le sens du mot grec "kephale", traduit par "tête" dans nos Bibles françaises, ont clairement montré qu'au temps de Paul, le mot "kephale" n'avait aucun sens d'autorité ou de domination. Au lieu de cela, il signifiait littéralement "source" ou "origine", en particulier "source de vie". L'homme a été formé de la poussière, par Dieu. La femme a été façonnée à partir de la côte de l'homme. Ainsi, Adam a été la source de la création d'Eve.

Selon David Scholer, le regretté professeur du Nouveau Testament au Fuller Theological Seminary de Pasadena : « Les dernières recherches n'appuient pas la vision traditionaliste ou complémentaire du leadership masculin et de la soumission féminine. Ces recherches débouchent sur une nouvelle compréhension en Christ, dans laquelle les hommes et les femmes sont considérés dans une relation de soutien mutuel et de soumission." ("Les femmes, l'autorité et la Bible", 44.)

L'apôtre Paul affirme l'égalité de tous les chrétiens et exprime avec force cette vision du Royaume dans Galates 3:28 : "Il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus Christ. » Aucune différence fondée sur la naissance, le statut ou le sexe. En tant qu’enfants de Dieu, tous avaient les mêmes privilèges et les mêmes bénédictions. Il écrit dans 1 Corinthiens 11:11-12 : "Toutefois, dans le Seigneur,  la femme n'est pas sans l'homme, ni l'homme sans la femme. Car, de même que la femme a été tirée de l'homme, de même l'homme existe par la femme, et tout vient de Dieu."

Paul semble parfois contredire certains de ses enseignements : "Que les femmes se taisent dans les assemblées car il ne leur est pas permis d’y parler, mais qu’elles soient soumises... Et si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent leurs maris à la maison." (1 Corinthiens 14:33-35). Mais d’autres passages de la Bible nous apprennent que les femmes étaient autorisées à prier et à prophétiser. Nous savons aussi que beaucoup d’entre elles étaient des enseignantes éminentes dans les églises et que Paul les approuvait et les encourageait.

Voyons un peu à quoi ressemblait l'Eglise de Corinthe: Corinthe était la ville la plus «cosmopolite»  de la Grèce. Le grec était la langue commune, mais on y parlait plusieurs dialectes et les communications étaient limitées par l'accent de l’orateur. La façon dont Paul parlait à l'église n'était probablement pas la façon dont les gens  parlaient entre eux, dans un cadre plus informel. En fait, au 1er siècle, dans le monde méditerranéen, seul un faible pourcentage d'individus était alphabétisé, et la plupart d'entre eux étaient des hommes. Par conséquent, les femmes qui ne connaissaient pas bien le grec demandaient sans doute des éclaircissements, ou se désintéressaient entièrement du message et parlaient entre elles. En fait, l'Église de Corinthe semble avoir été assez chaotique.

Ce passage traite donc d’un problème précis, probablement des femmes qui perturbaient les services religieux par leurs discussions bruyantes, qui parlaient ou posaient des questions. Il y a beaucoup d'explications possibles, mais il suffit de savoir que Paul n'aurait pas pu dire que ces paroles étaient une interdiction générale alors qu'il venait d'expliquer comment les femmes pouvaient à la fois prier et prophétiser dans les réunions publiques.

Paul serait consterné d’apprendre que tant de ses lettres, rédigées dans des situations particulières, ont été généralisées au cours des siècles comme « la règle pour toujours ». Il faut faire la distinction entre ce qui est écrit pour un cas précis, et un message pour tous les croyants et pour tous temps.

Tout au long de la Bible, nous voyons clairement qu’aux yeux de Dieu, les femmes et les hommes, bien que différents, sont égaux en matière de traitement et de valeur. Cependant, il est important de garder à l'esprit qu'égalité ne signifie pas "similitude". Les hommes et les femmes ont des dons et des aptitudes intrinsèquement uniques, mais ce n'est pas une excuse pour que l'un soit plus ou moins apprécié que l'autre.

Spirituellement, les hommes et les femmes sont égaux. Physiquement, bien sûr, ils sont différents. Ils ont une anatomie différente, des hormones différentes, une masse musculaire différente, et j’en passe. L'homme et la femme se complètent. Ils sont différents, mais aucun n'est supérieur à l'autre. Les deux sont des créations uniques de Dieu. A Ses yeux, ils ont la même valeur.